Interview de Stéphane Laulhère, auteur du jeu La Plage
    Interview de Stéphane Laulhère, auteur du jeu La Plage
    Stéphane Laulhère, auteur du jeu de société La Plage, en concours sur le FLIP de Parthenay

    Pouvez-vous vous présenter brièvement et décrire votre parcours ?

    Stéphane : J’ai 44 ans et je suis responsable informatique dans le jeu vidéo. Je baigne dans le milieu ludique par passion depuis tout petit et à un moment, on finit par vouloir s’essayer à la création. J’y ai plongé en 2003, en tentant des jeux de stratégie, de cartes, des jeux pour enfants, des ovnis ludiques !

    Êtes-vous un grand joueur de jeux de société ? Quels sont vos jeux préférés ?

    S : Je suis un passionné, donc oui, on peut dire que je suis un gros joueur, j’ai une collection de 300 jeux ou plus, et j’essaie de jouer à tous les jeux que je découvre. Mes jeux préférés : ils le sont presque tous ! Mais je citerai Agricola, en premier dans la liste…

    Étiez-vous un joueur régulier avant votre création ?

    S : Oui, après des débuts ludiques dans l’enfance très standards, je suis dans une longue période de jeu intense : 1987-2014 (soit 27 ans), non-stop, 1 à 2 fois par semaine (plus le jeu de rôle, le jeu vidéo). Addict ? Peut-être…

    Le jeu de société La Plage, en concours Trophée FLIP à Parthenay

    Votre jeu « La Plage » était au concours Trophée FLIP Créateur en 2013, pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Comment avez vécu cette expérience ?

    S : J’ai souvent créé des jeux sans envie ou espoir de les faire éditer, mais en 2013, je suis allé à Cannes, au festival des jeux. J’y ai fait 2 rencontres : Grosso Modo Editions et un membre de l’équipe du FLIP. Les premiers m’ont encouragé à faire éditer « La Plage » et de préférence avec eux, le deuxième à venir le présenter au FLIP. J’ai fait les 2.

    Au mois de juin, j’ai eu 2 bonnes surprises : un contrat d’édition pour « La Plage » et la confirmation de ma sélection au FLIP. C’était un bel été ! Une fois au FLIP, j’ai eu un plaisir énorme à rencontrer des joueurs de tous horizons, des auteurs, des éditeurs, et après un gros week-end très chargé, on en ressort très fatigué, mais très heureux !

    Pourquoi avoir choisi le FLIP pour présenter votre création en concours ?

    S : Comme je disais, je n’ai pas choisi le FLIP, c’est le FLIP qui m’a choisi, et je l’en remercie !

    De cette aventure au FLIP, est-ce que des éléments déclencheurs se sont fait jours pour entrevoir l’édition et la commercialisation de votre jeu ?

    S : Pour « La Plage » non, le sort en était déjà jeté peu de temps avant, mais j’avais dans ma besace quelques « protos » et le FLIP a bien lancé les choses pour l’édition.

    Comment vous est venue l’idée de votre jeu ? Combien de temps avez-vous mis à le concevoir et quelles étaient vos motivations ?

    S : J’ai imaginé ce jeu en 2004, ma première fille avait 3 ans, la deuxième allait naître pendant l’été. Je me rappelais de mon enfance au bord de la mer (quand on est bordelais, on passe ses vacances à la plage ! ). Je me suis dit qu’il fallait que je crée un jeu pour jouer avec elles quand elles seraient un peu plus grandes, sur ce thème.

    Et comme pour toutes mes créations, je fais mûrir longtemps, presque vieillir, je teste beaucoup, j’abandonne pendant 1 an, je reprends, et je remets mon travail sur le métier. Comme je dis à beaucoup de gens : « on invente un jeu en 10 minutes, on le teste pendant 10 ans ». La Plage a suivi ce cursus. Et j’ai bien fait d’attendre, j’ai 3 filles désormais et elles adorent « La Plage » !

    Avez-vous fait tester votre jeu à votre famille, par des amis, une association, des spécialistes ?

    S : Oui, oui, oui, et oui. Et aussi par des institutrices, des enfants, des hard-core gamers, des vendeurs, des éditeurs, des banquiers, chaque point de vue est primordial. Et c’est très gratifiant quand chacun a la même conclusion : « c’est très bon, il faut l’éditer »

    Vous êtes édité chez « Grosso Modo éditions », pouvez-vous nous raconter cette aventure ?

    S : Une sorte de hasard, un coup de pouce des réseaux sociaux apparemment. Un jour, un des co-fondateurs de Grosso Modo Editions « aime » une page Facebook que j’ai créée, qui contient 2 ou 3 jeux, dont « La Plage ». J’avais eu au préalable une poussée dans le dos de la part de Croc (que tout le monde connaît, n’est-ce pas ?) et qui m’avait enjoint à présenter le jeu, à diffuser l’info de son existence.

    Or donc, quand Arnaud (nda : Pierru, de Grosso Modo Ed.) a « aimé » la page, j’ai pris contact avec lui : par MP (comme on dit), puis par mail, puis par téléphone et enfin pour de vrai !

    La Plage, un jeu de Stéphane Laulhère, en concours du meilleur jeu de société sur le FLIP de Parthenay

    Avez-vous gagné d’autres prix avec ce jeu ?

    S : Non, pas de prix, et comme je n’en ai pas encore eu avec (Charlotte Fillonneau m’a soufflé le trophée du FLIP sous le nez, et je l’en félicite chaleureusement de nouveau dans cet interview, c’est un excellent jeu qu’elle a présenté), j’aimerai pouvoir en gagner un une fois édité.

    G : Est-ce que vous avez d’autres projets de jeux en cours ?

    S : Des tas, mais je suis plutôt arrêté sur 2 jeux, un jeu de stratégie en deck-building et pions sur plateaux et surtout et principalement, un jeu sur une intrigante histoire d’aliens qui envahissent un champ d’un fermier, pour lui voler ses vaches : c’est une transposition d’un jeu vidéo qui se nomme « Beware Planet Earth » et qui attire l’œil aux endroits où je le présente.

    Quels conseils pouvez-vous donner aux personnes qui souhaitent créer des jeux ?

    S : Ah, là, il faut passer une sorte de relai que je tiens de Bruno Faidutti (que tout le monde connaît, n’est-ce pas ?) : crée des jeux pour ton plaisir, fais-les éditer pour ton plaisir, et ne compte pas devenir millionnaire avec (encore que si ça arrive, c’est un plus non négligeable). Bref, il ne faut pas, à mon avis, en faire un métier, il faut que ça reste une passion.

    Et ne pas avoir peur de montrer, faire tester, prendre des claques sur un thème ou une mécanique que l’on croit bon et qui ne l’est pas. Retravailler. Dans mon métier, on dit : Pensez puis itérez, itérez, itérez. Itérons, donc. (Petite référence au jeu vidéo, où l’itération est un maître-mot)

    Avez-vous des conseils pour ceux qui créent leur jeu ?

    S : Euh, oui ! Je vous conseille de me donner des conseils ! Echanger, c’est le principal. Je donnerai surtout ce conseil à tous ceux qui ont créé un jeu et qui ne l’ont jamais montré, de peur de mal le « vendre » ou de se sentir mal à l’aise : pour chaque jeu, il y a un public.

    Un dernier mot ou remarque “libre” ?

    S : Merci à vous, au FLIP, à Parthenay, au monde du jeu, au monde, à l’humanité, à la terre, à l’Univers…

    Merci d’avoir accepté de répondre à nos questions

    Gérôme Rodier – 22 avril 2014