Interview de Charlotte Fillonneau, auteur du jeu “Le Capitaine”
    Interview de Charlotte Fillonneau, auteur du jeu “Le Capitaine”

    Pouvez-vous vous présenter brièvement et décrire votre parcours ?

    Charlotte : Je m’appelle Charlotte Fillonneau, je vis près de Rennes où je suis illustratrice et créatrice de jeux. Après le bac j’ai fait des études de graphisme à Rennes et je me suis rendue assez vite compte que ça n’était pas mon truc et que je voulais faire de l’illustration

    J’ai cependant été au bout de ces études, tout en sachant que j’intégrerai une école d’illustration juste après. C’est pour mon projet de fin d’études en 2008 que j’ai réalisé mon premier jeu : Marmitons. A l’époque c’était surtout une manière de faire un pont entre le graphisme et l’illustration. Et ça n’a pas été un grand succès scolaire !

    Mais 2 ans plus tard Marmitons était édité chez Le Grand Cerf et il a été distribué à plus de 2500 exemplaires… C’est là que j’ai commencé à sérieusement m’éprendre du jeu de société et en particulier de la création !

    Êtes-vous une grande joueuse de jeux de société ? Quels sont vos jeux préférés ?

    C : Petite je ne jouais pas beaucoup car ma famille n’est pas très joueuse. Mis à part les traditionnels Uno, Mille Bornes et la Bonne Paye, je ne soupçonnais pas la richesse du monde ludique ! La découverte du jeu Elixir et plus tard des Colons de Catane, ont été les déclics du virus qui m’a pris sur le tard.

    Aujourd’hui je suis une joueuse de plus en plus frénétique, toujours ravie d’améliorer ma culture ludique lacunaire ou de découvrir les nouvelles sorties ! Mes jeux préférés du moment sont Koryo, Las Vegas, Taggle, Ladies and Gentlemen et Pandémie… je crois que je suis assez éclectique 😉

    Etiez-vous une joueuse régulière avant votre création ?

    C : Non pas vraiment parce que je n’avais pas de joueurs autour de moi mais aujourd’hui c’est moi qui transmets le virus à mes proches !

    Charlotte Fillonneau, autrice du jeu Le Capitaine, en concours Trophée FLIP Créateurs à Parthenay

    Votre jeu « Le Capitaine » était au concours Trophée FLIP Créateur en 2013, pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Comment avez vécu cette expérience ?

    C : D’abord une grande surprise et une terrible excitation quand j’ai appris que Le Capitaine était sélectionné pour le FLIP ! C’était la première fois que je proposais un jeu à un concours. Le mettre à l’épreuve d’un jury de professionnels c’était vraiment quelque chose ! Surtout que je débarquais dans le monde ludique depuis peu.

    C’était la première année que je faisais des salons et festivals de jeux, que je démarchais des éditeurs, que je croisais des auteurs !

    Alors commencer par un festival aussi renommé et immense que Parthenay c’était inouï ! Et je n’ai pas été déçue !

    J’ai été formidablement reçue, j’ai rencontré d’autres auteurs extra avec qui je garde contact et j’ai adoré frotter le capitaine à un public si nombreux et enthousiaste ! Alors recevoir le trophée créateur c’était vraiment la cerise sur le gâteau !

    Pourquoi avoir choisi le FLIP pour présenter votre création en concours ?

    C : Le FLIP c’est le deuxième festival dont j’ai entendu parlé quand j’ai commencé à m’intéresser à ce qu’il y avait autour des jeux, juste après Cannes. Les gens qui y ont été ne tarissaient pas d’éloges sur l’ambiance particulière du festival.

    On m’a parlé du concours, j’avais ce petit jeu qui tournait bien et je me suis dit “pourquoi pas ?”. Et puis c’est vrai que le petit plus c’est ce jury de vrai pros qui crédibilise complètement les récompenses créateurs. Bref ça me donnait vachement envie !

    De cette aventure au FLIP, est-ce que des éléments déclencheurs se sont fait jours pour entrevoir l’édition et la commercialisation de votre jeu ?

    C : Oui, j’ai eu la chance de taper dans l’oeil de plusieurs éditeurs et en particulier dans celui de Mathilde de chez Gigamic qui faisait partie du jury et qui a su par la suite convaincre son équipe éditoriale d’éditer “Le Capitaine” !

    Comment vous est venue l’idée de votre jeu ? Combien de temps avez-vous mis à le concevoir et quelles étaient vos motivations ?

    C : Je fais de l’animation auprès d’enfants depuis que j’ai 17 ans et Le Capitaine m’a été inspiré d’un jeu de cours que j’aimais bien animer et que les enfants adoraient dans l’école où je travaillais. Un matin au réveil le fait de pouvoir transformer ce jeu d’ordre et de course en jeu de société de rapidité m’a frappé.

    J’ai testé sur le champ avec quelques bouts de papier et le squelette du jeu a quasiment été bon tout de suite. Ensuite il s’est affiné au cours des parties tests mais ça a quand même été très rapide.

    Avez-vous fait tester votre jeu à votre famille, par des amis, une association, des spécialistes ?

    C : J’essaye de toujours tester mes jeux. C’est face aux différents joueurs qu’on se rend compte des forces et des faiblesses d’une règle. Je commence toujours par mon copain et ma famille et puis quand les premiers plâtres sont essuyés je le présente aux enfants avec qui je travaille, ce sont de parfaits cobayes.

    Et puis surtout j’ai la chance de pouvoir montrer mes prototypes lors de soirées à l’heure du jeu, le bar à jeu de Rennes sans qui “Le Capitaine” et d’autres de mes jeux seraient probablement toujours au fond d’un carton. Et c’est aussi grâce à eux que j’ai rencontré les autres auteurs de jeux de Rennes avec qui nous avons récemment créé le GRAL (Gang Rennais d’Auteurs Ludique).

    Et là, pouvoir se montrer entre nous des protos bancals pour avoir un retour constructif et bienveillant ça n’a pas de prix 🙂

    Prototype du jeu de société Le Capitaine, de Charlotte Fillonneau, en concours Trophée FLIP à Parthenay

    Vous êtes édité chez « Gigamic », pouvez-vous nous raconter cette aventure ?

    C : Oui, Le Capitaine (qui sortira sous le nom EL Capitan) sort en Septembre ! C’est vraiment une expérience très agréable d’être éditée chez Gigamic, je ne me suis jamais sentie dépossédée de mon jeu et j’ai été consultée tout au long du processus.

    Maintenant j’attends avec impatience de l’avoir entre les mains !

    Avez-vous gagné d’autres prix avec ce jeu ?

    C : Non je n’ai même pas cherché à le proposer dans un autre concours.

    Est-ce que vous avez d’autres projets de jeux en cours ?

    C : Oui beaucoup ! Avant Parthenay j’avais 2 prototypes de jeux, après le trophée j’ai profité d’une explosion créative et aujourd’hui j’ai une dizaine de jeux plus ou moins aboutis, dont un autre en voie d’édition !

    Ce trophée m’a vraiment mis en confiance, c’est agréable de se sentir légitime et dans mon cas ça a été super boostant !

    Quels conseils pouvez-vous donner aux personnes qui souhaitent créer des jeux ?

    C : C’est difficile de me positionner dans ce rôle, j’en apprends encore tous les jours moi même ! Mais ce qui me parait très important c’est :

    1. Bien s’entourer. Et pas seulement des copains qui vont toujours tout trouver “formidable”, il faut frotter son jeu aux critiques les plus diverses et le faire tester à un public le plus varié possible.
    2. S’amuser ! On ne fait pas un jeu pour devenir riche ou même célèbre le moteur c’est d’aimer ça et de prendre du plaisir à partager.
    3. et S’amuser parce que quand même c’est la base du jeu et que vous allez devoir y jouer à votre jeu, sans relâche !

    Avez-vous des conseils pour ceux qui créent leur jeu ?

    C : Pas vraiment, on est tous dans le même bateau à ce niveau-là, et je dirais même que si eux ils ont des conseils je prends ;)

    Un dernier mot ou remarque “libre” ?

    C : Merci beaucoup au Festival de Parthenay, ça aura vraiment été une expérience formidable ! Et à très bientôt

    Merci d’avoir accepté de répondre à nos questions

    Gérôme Rodier – 16 avril 2014