Comment avez-vous découvert le FLIP et qu’est-ce qui vous a poussé à vous inscrire au Trophée FLIP Créateurs en 2017 ?
SEBASTIEN MARTAGEX : J’ai réellement découvert le FLIP alors que je déambulais dans les allées du FIJ Cannes 2017. C’est au détour de leur stand et en discutant avec un des représentants que j’ai eu vent du concours de prototypes et ai pu découvrir un peu mieux ce festival dont j’avais souvent entendu parler au cours des années sans jamais avoir eu l’occasion de m’y intéresser de plus près.
Ça tombait plutôt bien car après 5 ans à bûcher sur le prototype de mon jeu quasiment dans l’ombre, j’avais décidé de tout miser sur 2017 afin de présenter et faire découvrir mon jeu. Le FLIP tombait à point nommé.
LAURENCE GRENIER : J’ai découvert le FLIP par le site internet. Je cherchais des concours pour créateurs de jeux, pour pouvoir faire connaître mon jeu. Je me suis d’abord inscrite au Trophée FLIP créateurs en 2016. Et je suis reparte avec 2 trophées. Cela m’a beaucoup encouragée à continuer de créer des jeux. Je suis donc revenue en 2017, avec un nouveau jeu.
BENOIT TURPIN : J’ai découvert le FLIP par mes amis du MALT qui le fréquentaient et qui ont même remporté le trophée (Romaric Galonnier avec Stéréotypes et Préjugés). Ce qui m’a poussé à m’inscrire au FLIP est principalement son excellente réputation, tant pour le festival que pour le prix et le jury qui lui est associé. Avoir les retours de joueurs et de profession
Que vous a apporté le prix « Trophée FLIP » que vous avez obtenu ? (reconnaissance, édition…)
SEBASTIEN MARTAGEX : Le Trophée FLIP – Coup de Coeur du Public – que j’ai obtenu a été une réelle surprise. Surtout que de ce que j’ai compris il est assez rare pour un jeu concourant dans la catégorie Expert.
Ce Trophée a permis à Projet Parasite d’augmenter sa visibilité auprès du public, ce qui était le but affiché en 2017. Le Trophée FLIP jouit d’une très bonne réputation et d’avoir le macaron « Trophée FLIP » apparent sur les différents salons et événements auxquels j’ai participé par la suite a été l’occasion d’attirer un nouveau public qui habituellement n’auraient pas prêté attention à mon prototype.
Pour ce qui est des professionnels, quelques félicitations bienvenues et un intérêt certain pour découvrir le jeu m’ont démontré que ce Trophée avait une réelle valeur à leurs yeux.
LAURENCE GRENIER: Le prix trophée FLIP m’a permis de rencontrer des éditeurs. Cela donne de la crédibilité à notre démarche.
BENOIT TURPIN : Pour l’instant, Nomades n’est toujours pas édité mais il est chez de nombreux éditeurs qui ont manifesté un intérêt croissant suite au FLIP. Les retours des membres du jury ont également été bénéfiques au développement du jeu et la reconnaissance de mon « statut d’auteur » par le « monde ludique » a également connu une bonne progression.
Grâce au Trophée FLIP, vous avez pu participer récemment à l’expérience « Protolab » au festival des jeux de Cannes. Qu’attendiez-vous de cette expérience ?
SEBASTIEN MARTAGEX : Ayant testé les « Tables d’auteurs » en son temps (avant la mise en place du Protolab) que je trouvais intéressantes car ouvertes à tous, le Protolab me paraissait frustrant. Y présenter un jeu expert dont la durée de partie est donnée pour 2h sur des créneaux de 2h30 paraissait relativement compliqué car la visibilité allait être moindre. Surtout en comparaison aux Tables d’Auteurs qui vous laissait libre de gérer votre temps durant les 2 jours et demi de salon. Mais le secteur se professionnalisant, il fallait sûrement en passer par là pour laisser l’opportunité à tout le monde de pouvoir présenter son jeu.
Je voyais donc le Protolab comme une continuité des Tables d’Auteurs que j’avais déjà expérimenté par le passé, en plus cours et en plus sélectifs.
Au passage, je remercie le Graal qui m’a laissé largement débordé de mon créneau, profitant de la non-présence d’autres auteurs.
Mon but était ailleurs : faire jouer mon jeu, recueillir les avis des joueurs et passer du bon temps avec le public. Après tout, c’est ce qui m’anime depuis le début : voir le public apprécier mon jeu.
L’avantage toutefois d’être présent au Protolab était l’aisance d’accès aux Offs (ce qui n’est clairement pas négligeable compte tenu de la difficulté désormais d’y avoir une place).
LAURENCE GRENIER : Le « Protolab » du FIJ de Cannes m’a permis de rencontrer d’autres éditeurs. Le speed-dating est très intéressant pour cela. Les conférences permettent de découvrir le monde professionnel du jeu.
BENOIT TURPIN : J’attendais un accès facilité au festival tant au OFF qu’à l’espace pro, ainsi que la possibilité de croiser de nouveaux éditeurs lors du speed dating.
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots le jeu que vous avez mis en avant lors du « Protolab » ?
SEBASTIEN MARTAGEX : Projet Parasite est un challenge que je me suis lancé sur un coup de tête en 2012. Mon tout premier prototype. Adorant les coopératifs, mon but était alors de proposer un vrai jeu coopératif (2 à 4 joueurs) et très tactique. Il avait déjà une bonne mécanique mais manquait un petit quelque chose. Un scénario et un univers propre !
J’ai ainsi construit une histoire complexe à ramifications contée sur fond de guerre froide (on est en 1984) et d’un laboratoire secret russe.
C’est pour cela que désormais je parle de jeu de plateau coopératif, tactique et scénarisé.
C’est un jeu à figurines dans lequel les joueurs sont envoyés en mission de reconnaissance dans un laboratoire sibérien dont on a perdu le contact. Les joueurs ne savent pas ce qu’il s’y est passé et se retrouvent rapidement confronter à l’enfer de ce laboratoire qu’on appelle Nano.
Ils vont devoir y réaliser des objectifs, passer des étapes du scénario, évoluer et améliorer leur compétences afin d’affronter un bestiaire de plus en plus costaud et ce dans le but de découvrir toute l’histoire de ce lieu.
On est ici dans un pur mélange de style entre du jeu de rôle, du « libre dont vous êtes le héros », du jeu de plateau à figurines et du jeu vidéo, tout ça sur un background SF des années 90.
LAURENCE GRENIER : Le jeu que j’ai présenté s’appelle le « Chatrap’Moi » : Mademoiselle Souris voudrait bien traverser la pièce pour aller savourer le fromage qui se trouve de l’autre côté … Mais elle sait que Monsieur Chat rode … Sera-t-elle assez maligne pour y arriver sans se faire attraper ?
L’originalité vient du fait que les murs, formant le labyrinthe du jeu, tournent lorsque les joueurs avancent. Ce labyrinthe évolue donc au fur et à mesure de la parte. Les endroits où la souris est protégée changent. CHATTRAP’MOI est un jeu abstrait et tactique. Il faut anticiper, suivant ses déplacements, la positon que vont prendre les murs.
BENOIT TURPIN : Nomades est un jeu de 2 à 5 joueurs en 45 minutes où on incarne des tribus préhistoriques partant à la chasse. On utilise une cordelette en tissu pour délimiter notre zone de chasse et un feu de camp pour déplacer ce territoire. Le but du jeu est de peindre sa grotte en invoquant les esprits des animaux à l’aide des ressources collectées lors de la chasse.
Qu’avez-vous fait lors de ce « Protolab » et quels avantages avez-vous pu en retirer ?
SEBASTIEN MARTAGEX : Le planning était chargé mais n’était directement lié au Protolab. Rencontrer des éditeurs et discuter avec eux a été une de mes occupations principales. D’ailleurs, un des avantages du Protolab était l’accès au Salon VIP afin de discuter au calme avec les professionnels. Ça c’était vraiment chouette !
Ensuite, profiter du salon, jouer et discuter avec les acteurs ludiques a été l’autre de mes occupations car elle me semble importante afin de suivre l’évolution du marché et des tendances.
Pour finir, les Offs (du mercredi au samedi, je n’en ai loupé aucun), la présentation sur le stand du Protolab à des joueurs de passages et le speed dating ont occupés le reste de mon temps libre.
Comme je le disais précédemment, le réel avantage pour ma part d’être au Protolab a été l’accès aux Offs que je trouve être le meilleur endroit pour faire tester son jeu. L’ambiance y est raffinée et nettement plus calme que certains jours sur le salon. Et c’est aussi là qu’on rencontre des joueurs passionnés capables de prendre 2h de leur temps pour tester votre jeu, là où sur le salon où les joueurs « binge-play » afin de tout (sic) tester.
C’est un événement que je ne loupe pas depuis des années, que j’ai mon prototype ou en tant que simple badaut.
LAURENCE GRENIER : Le Protolab m’a permis de rencontrer un agent ludique intéressé par plusieurs de mes prototypes. Nous avons signé un contrat qui, j’espère, débouchera sur l’édition de certains de mes jeux.
BENOIT TURPIN : Le protolab m’a, comme prévu, permis d’avoir une plus grande visibilité sur le festival. J’ai pu rencontrer plusieurs éditeurs sur le speed dating avec qui je n’avais pas rendez-vous. J’ai pu présenter sereinement Nomades au OFF, avec beaucoup de retours très positifs, me forçant à réserver 3 parties à l’avance pour les joueurs intéressés.
Depuis le FLIP 2017, avez-vous de nouveaux projets en cours ? Si oui, pouvez-vous nous en dire plus ?
SEBASTIEN MARTAGEX : Je travaille en parallèle sur un autre projet, mais pour l’instant je préfère peaufiner encore le prototype avant d’en parler plus. Je suis quelqu’un d’assez méticuleux et aime avoir un prototype propre et suffisamment testé. On reste dans un univers SF très inspiré 90, avec des références à Projet Parasite. Mon but in-fine est de créer un total de 3 jeux sur le même univers dont chacun aurait des liens forts avec les 2 autres.
LAURENCE GRENIER : Oui, j’ai mis au point d’autres prototypes de jeux que j’ai apportés au Protolab. Ces prototypes font parte de ceux que l’agent ludique va chercher à éditer. Entre autres un jeu de moutons à placer sur un « tapis / prairie » et qui a beaucoup plu lors des Of de Cannes.
BENOIT TURPIN : Depuis le FLIP, j’ai accompagné la sortie de mon nouveau jeu « Welcome to » chez Blue Cocker pour Cannes. J’ai également travaillé sur de nouveaux projets, principalement des jeux pour enfants qui ont particulièrement plu au FIJ. J’ai également multiplié les collaborations avec des auteurs rencontrés sur le FLIP comme Pierre & David (Crime Scene) et Joachim (Steam Rush).
Que diriez-vous aux créateurs qui, comme vous, souhaitent participer au Trophée FLIP Créateurs cette année?
SEBASTIEN MARTAGEX : Suivez ce triptyque qui s’applique à tout concours : Règles, Tests, Graphismes.
Bossez les règles de votre jeu ! C’est le plus important pour tout concours.
Ensuite, testez votre jeu et faites le tester par d’autres joueurs. Associations, bars à jeux et autres événements locaux.
Enfin, travaillez l’aspect graphique, qui à mon sens n’est pas non plus à négliger. Un bon outil de DAO et des images libres de droit sur le net peuvent vous aider à mettre en forme votre prototype en quelques jours.
Pour terminer, prévoyez une version « courte » de votre jeu si vous le pouvez afin d’être démontrée / expliquée rapidement. Quitte à omettre des points de règles. Ceux qui voudront en savoir plus sur le fond de votre jeu vous poseront toujours des questions. Lors d’un concours, vous n’êtes pas seul et faire simple et concis est le meilleur moyen d’être lu, apprécié et sélectionné. C’est un vrai boulot qui prend beaucoup de temps.
LAURENCE GRENIER : Je les encourage fortement dans cette démarche. Le Trophée FLIP peut véritablement servir de tremplin vers le monde de l’édition de jeux (cela a réellement été le cas pour moi).
BENOIT TURPIN : Faites-le! Et profitez du festival à plein en rencontrant le plus de monde possible. Y a une ambiance parfaite.
Un dernier mot à ajouter ?
SEBASTIEN MARTAGEX : Merci au FLIP pour tout ! L’une de mes expériences ludiques les plus agréables depuis bien longtemps.
Merci au FIJ et à au Graal qui ont réussi à organiser un festival de malade encore cette année !
Et merci aux éditeurs, auteurs, joueurs que j’ai rencontré. Cette année a été un cru particulièrement bon en excellentes rencontres et bonnes discussions.
LAURENCE GRENIER : Ayant déjà participé deux fois au trophée FLIP, et ayant obtenu 3 trophées en deux ans, je vais laisser la place à d’autres créateurs dans la mesure où j’ai maintenant (grâce au FLIP et au Protolab) les contacts nécessaires pour continuer à créer des jeux. Mais le FLIP est également un endroit formidable pour passer des vacances en famille. Nous y serons donc cet été en tant que festivaliers.
BENOIT TURPIN : Vive le FLIP !
Merci d’avoir accepté de répondre à nos questions
Fanny Braud – 15 mars 2018