Interview de David Boniffacy, alias Bony, co-auteur d’Ouga Bouga
    Interview de David Boniffacy, alias Bony, co-auteur d’Ouga Bouga
    David BONIFFACY, dit aussi Bony, illustrateur et auteur du jeu de société Ouga Bouga

    Pouvez-vous vous présenter brièvement et décrire votre parcours ?

    Bony : Je m’appelle David BONIFFACY, dit Bony, j’ai 35 ans. Je suis graphiste-directeur artistique depuis plus de 15 ans et illustrateur depuis 2010. J’ai un BTS de communication visuelle mais je suis plutôt autodidacte en ce qui concerne le dessin.

    Concernant le jeu de société, j’ai fondé un club de jeux dans le SUD-EST qui s’appelle Ludik Attitude en 2007. J’ai déménagé à Poitiers en 2009 et j’y ai fondé le MIPEUL, association d’animateurs de jeux et club de jeu.

    Aujourd’hui nous participons à plus d’une trentaine d’animations par an.

    J’ai écrit un petit peu pour TricTrac sur des articles “pour de rire”… et je suis membre de la LIDJA (Ligue intégriste des jeux d’ambiance)

    Êtes-vous un grand joueur de jeux de société ? Quels sont vos jeux préférés ?

    B : Je ne mesure qu’1m65, je suis donc un PETIT joueur. Mais je joue TRES SOUVENT à beaucoup beaucoup de jeux. J’ai plus de 200 jeux chez moi et 300 au club. Je me vante d’en connaitre une grande partie. Mes jeux préférés sont très nombreux, je vais vous en citer une poignée dans le désordre :
    Caylus, Astéroids, Jaipur, Arriala, Ballon Cup, Danse des Œufs, Yspahan, Shrimp…

    Étiez-vous un joueur régulier avant votre création ?

    B : Ouiiii !! Assurément, comme je l’ai précisé plus haut, j’ai toujours eu envie de jouer, tout d’abord aux grands classiques auxquels je m’emmerdais copieusement mais il n’y avait que ça, et puis rapidement à Abalone dès sa création, et à tout un tas de jeux plus délicat à se procurer. Mais j’ai, de mémoire, toujours joué.

    Ouga Bouga, un jeu de Bony, en concours Trophée FLIP Créateurs à Parthenay

    Votre jeu « Ouga-Bouga » était au concours Trophée Flip Créateur en 2010, pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Comment avez vécu cette expérience ?

    B : J’ai eu le privilège de représenter le jeu physiquement, j’ai donc pris en pleine face la meilleur des récompenses, à savoir : la satisfaction immédiate du public ! Les sourires ! Les encouragements !! Tout ça m’a fait un bien fou pendant les quelques jours du village des créateurs. Le jeu étant rapide et la table étant pleine tout le temps, j’ai dû faire jouer pas loin de 150 personnes PAR JOUR durant le Flip ! Je vous laisse imaginer la richesse de tous ces échanges avec les joueurs.

    Pourquoi avoir choisi le Flip pour présenter votre création en concours ?

    B : C’est Daniel Quodbach qui m’a proposé le Flip, pour moi le Flip c’est un festival de cœur auquel j’ai participé plusieurs fois en tant que joueur/visiteur. Alors j’ai logiquement accepté. Etant sur Poitiers, ce n’était pas compliqué de m’y rendre et d’y rester. J’aime beaucoup le Flip pour les même raisons que les dizaines de milliers de visiteurs qui y débarquent en Juillet, à savoir : la simplicité et l’envergure du festival.
    Mais, en plus de tous les festivals gigantesques auxquels on peut participer, celui-là n’est jamais oppressant, il n’y a jamais TROP de monde pour s’assoir et jouer… un savant équilibre.

    De cette aventure au Flip, est-ce que des éléments déclencheurs se sont fait jours pour entrevoir l’édition et la commercialisation de votre jeu ?

    B: Non, en fait le Flip n’a été qu’une confirmation de ce que nous et l’éditeur avions pu entrevoir, la récompense a été la cerise sur le gâteau.

    Comment vous est venue l’idée de votre jeu ? Combien de temps avez-vous mis à le concevoir et quelles étaient vos motivations ?

    B : Je ne suis pas l’auteur principal du jeu. Je suis intervenu sur le Jeu bien après la création de Daniel Quodbach. Quand il m’a proposé le jeu c’était à la base en tant qu’illustrateur. J’ai accepté, j’ai commencé à faire tourner le proto sur Poitiers (facile quand on est entouré d’autant d’asso et de joueurs) et pendant ce temps, lui, il essayait de le promouvoir auprès des éditeurs. Sans succès pour l’un comme pour l’autre. Le jeu ne satisfaisait pas le joueur et ne parvenait pas à convaincre les éditeurs. C’est alors que, poussé par la société Forgenext, j’ai demandé à Daniel s’il était d’accord pour modifier ses règles. Ce fut un travail de longue haleine.

    Je changeais une broutille puis je faisais une dizaine de parties, puis je changeais une broutille etc… Quelques semaines avant le flip, le jeu était stable, simple, plaisant à jouer. Il ne s’est pas écoulé beaucoup de temps pour la conception du jeu au final (ni pour la conception graphique qui a été intégralement conservée par l’éditeur), mais BEAUCOUP de temps en revanche pour les tests… BEAUCOUP !

    Cartes du jeu de société Ouga Bouga, de l'auteur Bony

    Avez-vous fait tester votre jeu à votre famille, par des amis, une association, des spécialistes ?

    B : Le jeu avec ses réglages finaux a été testé dans plusieurs groupes de joueurs. Pas dans ma famille, mais parmi les associations autour de Poitiers et dans les cafés où l’on pouvait jouer, dans les ludothèques.
    Partout où je me déplaçais, je tentais de faire jouer les gens.

    Vous êtes édité chez « Cocktail Game », pouvez-vous nous raconter cette aventure ?

    B : Le jeu est édité chez Cocktail Game, celui-là même qui avait refusé la première version du jeu (ouf, mon travail n’aura pas servi à rien) et le contrat a été officialisé immédiatement en descendant de la scène après la cérémonie de remise des prix du Flip. Matthieu d’Epenoux était là, il m’a dit « je t’invite à manger une pizza » et c’était fait !

    Avez-vous gagné d’autres prix avec ce jeu ?

    B : Non, mais le jeu est aujourd’hui distribué dans une dizaine de pays ! L’édition US est en cours de production, tout se passe très bien pour le jeu !

    La boite métallique du jeu de société Ouga Bouga, de Bony, en concours Trophée FLIP Créateurs à Parthenay

    Est-ce que vous avez d’autres projets de jeux en cours ?

    B : Je suis illustrateur, j’ai surtout des projets dans ce sens. Mais Je ne dis pas que je ne le referais pas un jour… Mais ce sera avec des gens qui partagent ma philosophie du jeu.

    Quels conseils pouvez-vous donner aux personnes qui souhaitent créer des jeux ?

    B :

    • Ne pas se gêner pour créer.
    • N’offrir AUCUNE limite à votre créativité, tant pis si vous vous amusez plus que les autres en jouant à votre propre jeu… C’est déjà un début.
    • Ne pas croire que vous gagnerez votre vie en créant des jeux, alors faites le uniquement pour le plaisir.

    Avez-vous des conseils pour ceux qui créent leur jeu ?

    B :

    • Essayer beaucoup beaucoup beaucoup de jeux de société (récents, anciens, tous!!).
    • Faire tourner les prototypes aussi souvent que possible dans toutes les asso et les groupes de joueurs.
    • Ne pas conserver de « projets secrets », c’est le meilleur moyen de  foncer dans le mur.
    • SURTOUT PAS être susceptible quand vous faites tester les jeux.

    Un dernier mot ou remarque “libre” ?

    B : Je suis un passionné, l’argent dans le jeu est une arme à double tranchant pour les gens comme moi. Il en faut, beaucoup, pour faire des choses bien, mais attention, ça ne doit pas être autre-chose qu’une arme, en aucun cas, l’argent ne doit être un objectif à atteindre.

    Merci d’avoir accepté de répondre à nos questions
    Etienne Delorme – 07 février 2013

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