Interview de Jérémie Caplanne, créateur de Tweegles
    Interview de Jérémie Caplanne, créateur de Tweegles
    Jérémie Caplanne, créateur de Tweegles

    Pouvez-vous vous présenter brièvement et décrire votre parcours ?

    Jérémie Caplanne : J’ai 36 ans, je suis coach sportif, joueur par nature et auteur de jeux de société passionné.

    A vrai dire, j’ai découvert les nouveaux jeux de société au début du 21ème siècle après une période jeux de civilisation sur PC puis FPS sur consoles.

    Êtes-vous un grand joueur de jeux de société ? Quels sont vos jeux préférés ?

    J : Je joue régulièrement en couple, en famille, entre amis et/ou à l’association de jeux de ma ville. Ce qui m’intéresse c’est les moments d’échanges que procure le Jeu, c’est aussi l’aspect divertissement. J’aime les jeux  relativement courts et intenses: mes favoris dépassent rarement les 60 minutes.

    Je suis typiquement le public cible de jeux familiaux comme Takenoko, Dice Town, 7 Wonders, King of Tokyo, Hanabi, The City, The Boss ou des jeux d’ambiance comme Mito, Ouga Bouga ou Dixit. Il m’arrive de faire un Tikal, un Agricola, un Cyclades, un Battlestar Galactica, un Descendance ou un Trône de fer mais c’est plus rare. Je n’aime pas les jeux trop cérébraux, j’ai rapidement besoin d’action, d’éclats de rire, de rebondissements.

     Étiez-vous un joueur régulier avant votre création ?

    J : Oui. Je suis l’actualité de près depuis 2004.

    Tweegles, un jeu de société de Jérémie Caplanne, présent en concours Trophée FLIP Créateurs 2012

    Votre jeu « Morfs » était au concours Trophée Flip Créateur en 2011, pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Comment avez-vous vécu cette expérience ?

    J : A vrai dire nous étions assez confiant de la réussite de Morfs. Je dis « nous » car Pascal Jumel, le coauteur de Tweegles était déjà engagé sur le projet au moment du Festival. Je connaissais le concours pour y avoir participé les deux années précédentes et nous connaissions déjà le succès du jeu auprès de tous les publics pour l’avoir fait jouer maintes et maintes fois depuis plusieurs mois.

    Pourquoi avoir choisi le Flip pour présenter votre création en concours ?

    J : Les Trophées FLIP créateurs offrent des conditions très particulières pour les auteurs. Il faut avoir du cran et de l’énergie pour venir défendre son jeu pendant 4 jours entiers. Mais c’est aussi très enrichissant car le public du FLIP est très hétérogène, grâce à la durée du festival (10 jours), sa situation (dans la ville) et sa gratuité. Les échanges entre auteurs (une quinzaine) sont aussi une force du festival. J’ajouterai pour finir que les contacts directs avec les éditeurs semblent être de plus en plus importants au moment des Trophées.

    De cette aventure au Flip, est-ce que des éléments déclencheurs se sont fait jours pour entrevoir l’édition et la commercialisation de votre jeu ?

    J : Cocktail Games, représenté sur place par Matthieu d’Epenoux et, nous a immédiatement fait une proposition d’édition, juste après avoir fait quelques parties. Il faut quand même savoir, que Matthieu et Emmanuel Beltrando (Moonster Games) suivaient le jeu de près depuis le Festival de Toulouse de la même année (avril 2011). Dès notre retours du festival, nous avions une proposition de contrat en bonne et dû forme.

    Comment vous est venue l’idée de votre jeu ? Combien de temps avez-vous mis à le concevoir et quelles étaient vos motivations ?

    J : Au départ, j’ai eu l’idée de faire un jeu qui utiliserait le principe des livres pour enfants dans lesquels les pages sont coupées en trois étages et où le lecteur « fabrique » des monstres en leur choisissant une tête, un corps puis des jambes. Ensuite, le jeu est passé par plein d’étapes différentes. A un moment, les monstres devaient être reconnus juste à l’appel de leur nom : par exemple, le drakomou avait une tête de dragon et des pattes molles. Evidemment, cela posait le problème de l’internationalisation du jeu. De l’idée initiale (septembre 2011) jusqu’à la commercialisation (septembre 2012), le développement a donc duré un an. Et j’ai conscience que c’est relativement rapide.

    Quelles ont été les étapes de la création du jeu ?

    J : Je donnerais un exemple avec Tweegles, mais il y a plein d’autres façons de faire.
    Etape 1 : « Ah oui se serait vachement amusant si… »
    Etape 2 : « Voyons voir si cela existe déjà… »
    Etape 3 : « Essayons avec des cartes. Non, avec des dés. Des dés et des cartes. Ou alors des jetons que l’on jetteraient en l’air ?…. ». Dans cette étape il y a beaucoup de essais, de recherches graphiques, de réalisations de prototypes, de parties tests en famille, en club de jeux, de rédactions de règles.
    Etape 4 : « Bonjour, je souhaiterais participer à ce festival/concours ? ». Sur place : « Bonjour (monsieur l’éditeur), j’ai une proposition de jeu à vous faire, vous voulez bien vous asseoir à ma table ? ».
    Etape 5 : Le contrat est signé « Un nouveau nom ? Ok », « Oh les belles illustrations ! », « Simplifier cette partie ? Ok », un partenariat avec un éditeur Coréen ? Ok »…

    Pour moi, le jeu est totalement abouti au moment de sa commercialisation. Mais jusque là c’est déjà un formidable travail d’équipe qui s’opère et qui va continuer tout au long de la vie du jeu. C’est ce qui me fait dire qu’il n’y a pas de jeu sans partage.

    Avez-vous fait tester votre jeu à votre famille, par des amis, une association, des spécialistes ?

    J : Oui, tout ça en même temps ou séparément. Les tests sont une étape très importante et ils apportent beaucoup d’indices pour le développement du jeu.

    Avez-vous gagné d’autres prix avec ce jeu ?

    J : Pour l’instant, non.

    Est-ce que vous avez d’autres projets de jeux en cours ?

    J : Oui, plusieurs sont dans les tuyaux des éditeurs. Notamment un jeu sur le thème de la Tour Eiffel qui était le sujet d’un appel à projets de Cocktail Games en juin 2011.

    Quels conseils pouvez-vous donner aux personnes qui souhaitent créer des jeux ?

    J : Je pense qu’il faut avant tout aimer jouer et apprécier les « belles mécaniques » de jeu, être curieux et cultivé ludiquement parlant, de manière à ne pas réinventer la roue.

    Avez-vous des conseils pour ceux qui créent leur jeu ?

    J : Oui, des évidences. Je pense qu’il faut se montrer ouvert. Echanger avec d’autres créateurs, participer à des concours et à des festivals pour rencontrer de nouveaux joueurs qu’ils soient occasionnels ou amateurs.

    Un dernier mot ou remarque “libre” ?

    J : Oui. Un grand bravo à tous les organisateurs des associations ludiques et des festivals de Jeu pour leur énergie et leur prosélitisme ludique. Je rêve que le Jeu soit une activité mieux reconnue chez les “grandes personnes” dans les années à venir. Les joueurs et joueuses que je connais sont souvent à mes yeux des gens “meilleurs”.

    Merci d’avoir accepté de répondre à nos questions

    Etienne Delorme – 14 décembre 2012

    Pour en savoir plus sur les créations de Jérémie Caplanne :