Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Catherine Georgeon : Remontons en 2012. Nous – « deux frangines » venions de prendre notre retraite et nous retrouvions à Angers (France). Nous décidons que le moment est venu de réaliser ensemble un rêve personnel :
L’une, Nicole Blanvillain, préparatrice dans une pharmacie depuis sa création où elle assurait, outre la vente, les négociations avec les fournisseurs, la tenue des stocks, etc., a approfondi toutes les facettes du commerce. Elle mûrit depuis longtemps le désir d’avoir un jour sa propre entreprise commerciale dans un domaine ludique et culturel (elle-même pratique la photo).
L’autre, Catherine Georgeon, après trois ans d’étude aux Beaux-Arts d’Angers, a commencé sa carrière professionnelle aux Editions F. Nathan puis, s’intéressant à des projets pédagogiques elle crée « Les Ateliers du mercredi » dans une école maternelle… Devenue administratrice de la Maison des enfants installée sur le Parc de la Villette, elle crée avec la directrice divers événements ( « Les Mille Dragons «, « Les Enfants du Bicentenaire de la Révolution Française » …). Puis, d’autres projets la mène aux « Amitiés France-Acadie », association en lien avec l’Acadie (Canada) : tenue de stand sur des festivals où elle y retrouve parfois sa sœur Nicole, venue prêter mains fortes ; préparation d’expositions, écriture de textes… Catherine Georgeon fut également présidente de 2004 à 2011 de « Contes en Farandoles » (association agréée Jeunesse et Sports travaillant sur le conte avec des écoles de divers pays de la Francophonie). Bref, le lien avec les enfants est souvent présent…
Comme on dit : « jamais deux sans trois », nous ne pouvions rien faire sans François Lemarié, dit Marius, et son amitié indéfectible, son intégrité et ses connaissances professionnelles. Avec en poche un bac en techniques commerciales, l’arrivée de l’informatique l’a fait se tourner vers le métier de graphiste-maquettiste. Indépendant, il était également intervenant formateur en PAO et photographe. Malheureusement, suite à une longue maladie, Marius nous a quitté en 2013.
Au départ, nous étions donc trois. Excellent chiffre pour créer une société dans laquelle chacun pourrait mettre en action ses capacités.
Comment vous êtes-vous retrouvées dans le domaine du jeu ?
Parce que la vie ressemble souvent à un jeu géant, Catherine est toujours prête à la raconter en histoires ou à inventer de nouveaux jeux… C’est ainsi qu’il y a quatre ans, durant ses trajets dans le métro parisien, elle griffonne sur un petit carnet un jeu inspiré par la vie quotidienne des enfants et de leur désir, souvent caché, d’en parler.
Une première mouture de ce jeu a été réalisée, testée avec des enfants et des adultes (parents et professionnels dans le domaine de l’éducation), modifiée et améliorée durant trois ans. En septembre 2011, le prototype est sélectionné pour être présenté au Festival du jeu à Angers.
Nous y découvrons avec stupéfaction le monde des « petites entreprises de créateurs de jeux ». Tous nous conseillent de faire comme eux et de nous lancer. Nos enfants respectifs nous y encouragent. Ce défi nous est apparu comme très intéressant car il nous amène à rassembler toutes nos expériences, échecs et réussites, à en tirer les leçons et à continuer d’avancer. Montrer l’exemple aux plus jeunes, leur donner de l’espoir et… du travail.
Le temps de mettre en place un réseau sérieux avec qui travailler et voici la création de : « Au pays des X-tra », sarl. Pour le premier jeu, nous avons fait appel à un illustrateur angevin qui monte, Tony Emeriau, à un imprimeur et à des fournisseurs de la région. D’autres éléments sont fournis par une toute jeune entreprise française.
Vos jeux sont-ils “made in France” ?
Oui, actuellement nos jeux ont été créés et réalisés en France et il nous faudra être très motivées pour continuer, vu les prix de revient dus pour une grande part aux taxes et charges… Ce n’est pas une légende !
Quel est le type de public visé et comment choisissez-vous les jeux que vous éditez ?
Pour le moment, nous créons nous-mêmes les jeux que nous éditons. Notre public concerne la famille (enfants, adolescents, parents, grands-parents, oncles, tantes…) et, également, tous ceux qui s’occupent d’enfants et désirent créer des liens avec eux (orthophonistes, animateurs, services pour les enfants dans les hôpitaux, IME…)
Le choix d’un jeu :
Permettre de développer créativité, imagination, observation, écoute, mémoire, entraide et bonne humeur, voilà les critères que nous exigeons de nos jeux.
Sorti en 2015, notre jeu « L’horloge de Chronos » a été réalisé sur la suggestion et avec les conseils d’une animatrice de maison de retraite. Or, à notre surprise, il se révèle “parfaitement” intergénérationnel !
Vous avez pris un espace sur le FLIP en tant qu’éditeur en 2013, quelles ont été vos motivations ?
Nous venions de découvrir le monde du jeu et de ses festivals (Angers, Corné, Cannes…). Nous y avons entendu d’excellents échos sur le FLIP et son ambiance. Alors, nous nous sommes dit «pourquoi pas nous ? » Et nous n’avons pas été déçues, au contraire !
Pouvez-vous nous en dire plus sur les prochains jeux à paraître ?
Nous travaillons actuellement main dans la main (toujours dans la famille) avec la nouvelle génération plus au fait que nous des nouvelles technologies. Cependant nous restons dans le domaine convivial du jeu de société. Peut-être aurons-nous une démo prête pour le FLIP ?
Pouvons-nous évoquer vos projets à venir ?
Des festivals, des nouveaux jeux, une rubrique “histoires”, mais nous ne pouvons en dire plus pour le moment.
Merci d’avoir accepté de répondre à nos questions
Justine Helou – 22 mars 2016