Questions à DJIB
    Questions à DJIB

    DJIB est illustrateur freelance et grâce à Libellud, il a réalisé l’affiche du FLIP 2018 sur le thème de la magie et d’Harry Potter.

    Yohann : DJIB, depuis combien de temps illustres-tu des jeux ?

    Djib : Alors, j’illustre des jeux de société depuis 2011 (Mon premier JDS en tant qu’illustrateur “solo” était Ultimate Warriorz, de Guillaume Blossier). Mais j’ai commencé à travailler en 2000 en tant que concept artist dans le jeu vidéo (Kya : Dark Lineage, sur PS2, réalisé par Eden Games). Donc, en fait, ça fait un moment que je travaille dans le domaine du Jeu. Depuis la fin de mes études en somme 🙂

    Depuis 2011, j’ai dû travailler sur une petite dizaine de jeux de société sans compter les illustrations de jeu réalisées et payées mais dont le jeu n’est jamais sorti, ainsi que les différentes collaborations pour lesquelles je n’étais pas le seul illustrateur à bord (Château Aventure, King of Tokyo, les Aventuriers du rail : mon premier voyage version Europe, …)

    Concernant mon univers, je suis clairement plus à l’aise avec les univers qui tendent vers l’Imaginaire, le Fantastique, mais également les univers “antiques”. Je suis moins à l’aise avec des choses trop réalistes et trop contemporaines. Par exemple, j’adore l’Antiquité, mais aborder cette période historique de façon trop sérieuse, trop réaliste, serait un peu ardu pour moi.

    De ce côté, pour l’instant, je suis gâté : le jeu de société permet potentiellement de sauter très vite de monde en monde, d’univers en univers, et d’explorer graphiquement, d’aller vers d’autres lieux vers lesquels on n’oserait pas forcément aller tout seul.

    C’est cette richesse d’univers proposés par le secteur ludique que vous pourrez voir notamment à la Chapelle des Arts Ludiques de Parthenay, pendant le Festival, avec, entre autres, l’exposition “Dessine-moi un jeu”.

    Y : C’est un travail à plein temps, ou tu as un travail à côté ?

    D : Oui, c’est un travail à temps plein. Un vrai métier. Avec ses joies, ses contraintes, ses périodes de travail intenses, ses factures, ses cotisations sociales et sa retraite à payer, etc… 🙂 J’ai quitté mon travail de salarié dans le jeu vidéo en 2007, afin de devenir illustrateur freelance à 100 %.

    Y : Pour ce qui est de l’affiche du FLIP, raconte-nous comment tu as été choisi pour la réaliser ?

    En fait, je n’en ai absolument aucune idée 🙂 J’imagine que Libellud connaissait déjà mon travail, et que je devais être disponible à ce moment-là.

    Y : Combien as-tu mis de temps pour créer l’affiche du FLIP ?

    D : C’est assez dur à dire car en tant que freelance, on peut avoir (si tout va bien) plusieurs projets en cours en même temps. Ce qui était mon cas à l’époque. Mais, à vue de nez, entre les différentes étapes (propositions de croquis, allers-retours, etc…), je dirais une bonne semaine et demie.

    Premières étapes de la création graphique de l’affiche du Festival des Jeux de Parthenay 2018 sous les coups de crayon de l’illustrateur Djib

    Y : Quel a été ta liberté de création, proposition, au vu du cahier des charges ?

    D : Le cahier des charges pour une affiche du FLIP est très…chargé 🙂
    Cette année, le thème général du Festival était “La Magie” ; thème qui devait donc imprégner mon image. A cela s’ajoutent ces différentes contraintes : mettre en valeur la ville de Parthenay et l’utiliser comme décor principal, et bien montrer que le festival est un événement estival, familial, joyeux et se passant principalement de jour.

    De plus, le FLIP met à l’honneur le Jeu en général, et pas seulement le jeu de société, mais aussi le Jouet, le Jeu Vidéo, les jeux de plein air, l’art de rue, etc… De nombreuses références ou clins d’œil devaient montrer cette diversité. Les figures du Fou et des Wuppies étaient eux aussi des éléments incontournables, à bien mettre en valeur. Il y avait également bien sûr des contraintes de format et d’éventuelles réutilisations des différents éléments de l’affiche afin de pouvoir les exploiter séparément (pour l’habillage de “flyers”, etc.…), mais aussi des contraintes liées au placement des différents textes et logos des sponsors.

    Bref, c’était donc un sacré challenge, qui ne laisse pas, à priori, une grande marge de manœuvre quant au choix de la composition, de la façon de bien rendre le message que l’affiche a à envoyer. C’est effectivement très cadré. Mais, de par ma formation et mon expérience dans le jeu de société, je suis habitué à jouer avec les contraintes, à faire l’équilibriste entre lisibilité graphique, lisibilité du message, et qualité du rendu final. Sans contraintes, pas de création 🙂

    Secondes étapes de la création graphique de l’affiche du Festival des Jeux de Parthenay 2018 sous les coups de crayon de l’illustrateur Djib

    Y : Dernière question, tu es quel type de joueur ?

    D : D’une manière générale, que ce soit graphiquement, ludiquement, etc… j’ai du mal à me faire rentrer dans une case précise 🙂

    J’aime toutefois énormément les jeux de société, plus à ma portée en terme d’investissement temporel. Je n’ai pas trop d’a priori : jeux de gestions, d’ambiance, abstraits, … Je n’ai pas toujours énormément le temps de jouer, de tout tester, mais je m’amuse tout autant sur un Colt Express, un Time Up, un Krosmaster; un Small World qu’un Luminos ou un SOS Dinos avec mes enfants.

    Bien sûr, en tant qu’illustrateur, je suis très sensible à l’aspect graphique, à la thématique, à l’univers du jeu (Shinobi Wataa, Sea of Clouds, Oceanos…) mais je suis aussi très attiré par les jeux qui me proposent une manipulation particulière, une particularité tactile, par exemple Five Tribes et son système rappelant l’awélé, Hive Carbon et ses jetons octogonaux et vernis, les gros dés noirs et verts de King of Tokyo, l’empilement de dés de Jack et le Haricot magique, et plus récemment découvert : Splendor, et ses “jetons de Poker”.

    Après, finalement, ce qui compte vraiment, ce n’est pas à quoi on joue. Mais c’est plutôt la qualité du moment social partagé.

    Merci pour tes réponses DJIB !

    Yohann

    Coin-Coin n°1 – mercredi 11 juillet 2018